Même si nous sommes sur un forum Bouyer, il n'est pas inutile de connaître l'histoire des autres Marques.
Voici donc le très bel historique dressé par Jeff sur le forum "passion Motostandard"
jeff a écrit:Bonjour à tous,
après deux heures de débats acharnés avec mon PC, vous devriez trouver ci-dessous l'historique de Gutbrod Motostandard. Vous pouvez le compléter à loisir.
Motostandard – Gutbrod : histoire d’un grand de la motoculture.
· Les débuts
Lorsque l’on évoque Motostandard en France, tout le monde ne pense pas à la même chose. Certains pensent « Terra », d’autres microtracteur 1030 ou 2500. Les plus âgés se remémorent une entreprise importante des Trente Glorieuses au même titre que Lip, Berliet ou Moulinex. C’est dire à quel point cette firme avait su se diversifier, innover et donc se développer.
Pourtant, ce n’est pas la France qui est le point de départ de cette aventure industrielle mais l’Allemagne.
En effet,l’ingénieur Wilhelm GUTBROD fonde en 1926 à Ludwigsburg la Standard –Fahrzeugfabrik S.A. La première activité de l’entreprise est la fabrication de motos « Standard » qui se forgent rapidement une belle réputation sur les circuits européens.
Toutefois, Gutbrod a des racines paysannes et il cherche rapidement des solutions pour mécaniser les travaux agricoles les plus pénibles. Le but est (déjà) de faire simple mais efficace. Des accords sont passés avec la firme suisse RAPID et en 1939 la motofaucheuse R3 voit le jour. C’est le début d’une production de motofaucheuses renommées et exportées aussi en France après la seconde guerre mondiale : la rr3 puis la MF5, les U 8 et u9 (années 50).
En 1946, la Standard après avoir été sise à Ludwigsburg, puis Feuerbach (Stuttgart) et enfin Plochingen, s’installe définitivement à Bübingen, dans la banlieue de Saarbrücken ( Sarre) sous le nom de « Moto Standard GmbH ».
La firme s’intéresse aussi aux motoculteurs et aux porte-outils dés la fin des années quarante.
Le fils de Wilhelm, Walter, remplace son père décédé en 1946 à la tête de l’entreprise.
En 1959, la Motostandard GmbH devient Gutbrod WerkeGmbH (Usines Gutbrod S.A)
· Une entreprise novatrice
Gutbrod- Moto Standard va se révéler très vite comme une entreprise inventive. Elle rachète à Rapid les brevets de fabrication d’une moto houe.
En 1956, c’est le coup de génie. La mise au point du système Terra va assurer le succès durable de la marque au puma. En effet, cette cellule légère et capable d’animer toutes sortes d’accessoires touche une large clientèle : les professionnels certes (maraîchers, pépiniéristes, horticulteurs) mais également les particuliers. La tendance au petit potager associé à une pelouse se développe à l’époque autour des résidences principales ou secondaires. Ce sont donc des milliers de ces appareils qui vont être fabriqués et trouver acquéreur de 1956 à la fin des années 80. Le terme même de villaboy (un autre outil polyvalent destiné aux particuliers) résume d’ailleurs parfaitement cette philosophie.
Autre concept révolutionnaire, le micro-tracteur. En 1962, Gutbrod commercialise le premier de ces appareils doté d’une transmission entièrement mécanique (organes des Rex ou Super u6/u7). La fabrication perdurera, avec des évolutions considérable mais la même idée originale, jusqu’au milieu des années 90 .
Enfin, Gutbrod, ce sont aussi un modèle de voiture, la Superior (1950), une camionnette Atlas 800 (1948), le premier moteur deux temps essence à injection (1952) qui équipera la Superior..
· Moto Standard en France
Les informations sur l’origine de Moto Standard en France sont assez rares. Du point de vue historique, il faut rappeler que la Sarre où se trouve Bübingen, est dépendante économiquement de la France de 1947 à 1957. Il est vraisemblable que cela a dû faciliter l’exportation des productions Motostandard Gutbrod vers l’Hexagone. On peut lire sur les appareils des années cinquante que Motostandard « France » se trouvait à Crémieu dans le département de l’Isère. Au début des années soixante, Gutbrod rachète les firmes mâconnaises Monet-Goyon et Unimeca et s’installe donc à Mâcon. En 1967, la compagnie de vente Motostandard devient la Gutbrod S.A. Le succés de l’entreprise est tel qu’en 1970 de nouveaux bâtiments sont inaugurés . Les documents publicitaires montrent du reste que l’adresse de Motostandard change : on passe de la rue Rambuteau à la rue Jean Mermoz.
· Les années 70
Le milieu des années 70, c’est la fin des Trente Glorieuses et donc de la prospérité économique. C’est par contre le début de la mondialisation et la concurrence fait rage dans le secteur industriel. Dans le domaine de la motoculture de plaisance dont Motostandard est un leader incontesté, l’arrivée sur le marché des matériels japonais crée un précédent.
Motostandard poursuit la commercialisation des fabrications Gutbrod (les celébres terra, les micro-tracteurs dont le 2500 équipé de la version industrielle du moteur de la Renault 4) mais également de matériels fabriqués par Ferrari. En effet, le rex et les super u 70, u 72 sont abandonnés par Gutbrod. On importe donc à Mâcon les motoculteurs Ferrari que l’on dote d’un look plus en accord avec la marque franco-allemande ( capots à grille, couleur rouge et blanc, accessoires « maison »). Dans le même temps, on fabrique en Saône et Loire les moteurs deux temps, les motobineuses et aussi… des balayeuses « Motoclean ». En 1972, les jeux olympiques choisissent Gutbrod comme fournisseur officiel de matériels d’espaces verts. L’entreprise est encore dans une santé florissante. A tel point qu’elle rachète le constructeur de tracteurs 4x4 Bungartz und Peschke en 74.
La situation en France est moins réjouissante. En 1981/82, Motostandard connaît une grave crise. Les employés manifestent à Mâcon et vont jusqu’à offrir à F.Mitterrand une tondeuse de la marque ! Les compressions de personnels succèdent aux réductions d’activité. Dans les années 80, Motostandard devient la Somerem motostandard. Elle est indépendante de Gutbrod en Allemagne. La production des terra, de motobineuses et de motoculteurs Puma 400, 600 , 800 et 900 se poursuit. Ces deux derniers rappellent d’ailleurs les productions Ferrari antérieures.
De son côté, Gutbrod à Bübingen continue de commercialiser ses microtracteurs, des tondeuses autoportées et les motoculteurs Puma. Il semble donc que la Somerem et Gutbrod aient eu à nouveau des liens au moins commerciaux. Malheureusement, la conjoncture économique ne cesse de se dégrader. Au début des années 90 la Somerem disparaît et Gutbrod est rachetée par l’américain MTD. En France, seuls les concessionnaires de la marque approvisionnent en pièces détachées, le stock étant géré par MTD. En Allemagne, la fabrication de motoculteurs porte-outils G550, G600 et G650 (tout à fait dans l’esprit du génial Rapid S) perdure jusqu’en 2001. La plupart des matériels sont d’origine MTD. Les Américains ont d’ailleurs l’intelligence de garder le nom de Gutbrod qui bénéficie d’une excellente réputation outre-Rhin. Ils en font une marque haut de gamme , ce qui est un moyen comme un autre de la faire vivre. Les productions actuelles de Gutbrod sont des tondeuses autoportées et un motoculteur porte-outil hydrostatique le G 900 H.
En guise de conclusion…
Motostandard a donc été pendant une quarantaine d’années une entreprise phare de la motoculture mondiale. Elle a su se montrer innovante ( concepts nouveaux tels le Terra, les microtracteurs) mais elle a aussi largement contribuer à démocratiser la motoculture de plaisance. Acquérir un matériel léger, fiable et polyvalent à un prix raisonnable est devenu possible avec l’apparition du Terra. Elle a également su faire le lien entre la petite agriculture déclinante des années soixante et la motoculture de plaisance en plein essor.
Son histoire reflète du reste celle de nombreuses entreprises françaises ou ouest-européennes : développement important de 1945 à 1980 puis récession due à la mondialisation des échanges. On peut toutefois se consoler en constatant que les matériels Motostandard sont encore très nombreux à être en service. La marque n’a d’autre part pas disparu en Allemagne.
Collectionneurs et passionnés de mécanique , c’est maintenant à vous qu’appartient de faire durer le mythe….
Sources :
· Brochure publicitaire publiée par Gutbrod en 1976 à l’occasion du cinquantenaire de la marque.
· Les tracteurs allemands depuis 1907 de W.G Gebhardt, 2003, Motorbuch Verlag.
· Diverses brochures publicitaires de la marque.
A lire :
Histoire du matériel de motoculture de Guy Martin, 2003 , E.T.A.I.
Je vous invite également à visiter la partie historique du site ainsi que Wikipedia ou un article Gutbrod (en allemand mais il y a les photos) est consultable.
malheureusement, à aucun moment il ne parle des accords techniques avec Bouyer...